Comment faire de belles photos d’architecture ? Format et orientation (2)

Après nous être intéressés au cadrage (voir ici), je vous propose aujourd’hui de commencer à nous pencher sur la composition. Dans la lignée de l’article précédent, l’idée sera de comprendre quelques principes simples que vous pourrez mettre en œuvre rapidement, et sans autre investissement qu’un peu de temps et de pratique !

Dans l’épisode précédent, nous avions recherché le sujet de notre photographie. Avec cet article, nous nous interrogerons cette fois sur la manière de le mettre en valeur simplement, parfois juste en faisant pivoter son appareil de 90° !

Quelle orientation pour pour quelle particularité ?
Une question de format
Aller plus loin
Conclusion de l’épisode

Quelle orientation pour pour quelle particularité ?

Nous nous étions arrêtés à trouver le bon angle, le bon cadrage pour le sujet photographié. Essayons d’approfondir ce choix.

Par défaut nous tenons notre appareil le plus souvent à l’horizontal. Notre photo se fait au format paysage, ce qui convient particulièrement comme son nom l’indique, pour les paysages ! D’accord je ne pense pas vous avoir appris grand chose, mais ce qui semble n’être qu’une banalité est en fait primordial pour l’expression de votre photo. Un cadrage horizontal soulignera l’horizon, un cadrage vertical s’attachera à restituer la verticalité d’une composition. Pensez donc à bien choisir l’orientation de votre image !

Vue du Duomo de Milan
Duomo | Milan
Vue du Duomo de Milan
Duomo | Milan

La première photo met en avant l’étendue du panorama tandis que la seconde insiste sur les verticalités des différents plans.

Au début, surtout si vous bossez en numérique, faites des essais que vous analyserez à tête reposée sur écran ensuite. Par le petit œilleton de l’appareil, il n’est pas toujours facile de tout prendre en considération. Progressivement vous apprendrez à faire le choix qui communique le mieux vos intentions plus rapidement, plus instinctivement et de manière plus régulière. C’est assez normal de ne pas toujours réussir ce que l’on a en tête !

Une question de format

Par défaut, les appareils cadrent dans un format rectangulaire, soit dans un rapport largeur/hauteur de 4/3 pour la plupart des compacts et smartphones, soit dans un rapport de 3/2 (un peu plus allongé que le précédent donc) pour les reflex (qui correspond aux anciens négatifs et donc aux tirages « classiques » tels que le 10x15cm et ses multiples agrandissements).

Mais pour aller plus loin et expérimenter de nouvelles pistes créatives, vous pouvez aussi essayer d’autres formats que celui de base de votre appareil ! Soit votre appareil vous permet de le tester directement au moment de prendre la photo, soit vous pourrez recadrer le fichier après la prise de vue. Si vous décidez de modifier votre fichier plus tard (par choix ou parce que l’option n’existe pas dans les réglages de votre boîtier), essayez de penser la composition de votre photo avec le format que vous avez en tête. C’est beaucoup plus sûr et efficace que d’essayer de « sauver » une photo qui aurait été mal composée. On ne peut souvent rien faire si la photo n’est pas bonne à la base, à part l’oublier…

Parmi ceux-ci, le plus répandu est sans doute le format carré. Remis sur le devant de la scène par Instagram, il est assez populaire car comme il ne met en avant ni l’horizontalité, ni la verticalité, il convient assez bien aux cadrages centrés. Et centrer le sujet, c’est le réflexe de tout photographe qui débute.

Pont Jacques Chaban-Delmas. Architectes : Lavigne & Cheron
Pont | Lavigne & Cheron | Bordeaux
Fondation Prada 1. Architecte : OMA / Rem Koolhaas
OMA | Fondation Prada | Milan

À gauche, un bel exemple de sujet centré. À droite, c’est le « vide » qui est centré : le vide où évoluent les usagers, le vide défini par les pleins (les édifices de part et d’autre du chemin).

Pour la photographie d’architecture, le rapport 1×1 est en réalité assez complexe à utiliser. D’une part, si ce format symétrique convient assez bien aux formes géométriques qui peuvent être contenues dans un carré, il demande une grande rigueur dans la composition. D’autre part il met les horizontales et les verticales sur un plan d’égalité, et il est par conséquent plus difficile de mettre en avant l’une ou l’autre de ces particularités. Mais on peut profiter de ces contraintes et les détourner pour tirer avantage de certaines situations. En regardant en l’air par exemple, avec des compositions plus abstraites, ou en s’amusant avec les directions que donnent les bâtiments et leur environnement…

Vertige inversé. Tour Eiffel. 1889. Architecte : Stephen Sauvestre. Ingénieur : Gustave Eiffel
Tour Eiffel | Paris
Le Monolithe. Lyon Confluence. Architecte : Erick Van Egeraat
Logements | Erick Van Egeraat | Lyon

Parmi les autres formats, il y a le panoramique, ou plutôt les panoramiques, car il existe beaucoup de rapports largeur/hauteur différents. Le 16/9 est un des plus connus pour son application dans de nombreux films, et l’utiliser pourra d’ailleurs donner un côté cinématographique à vos images. Le format panoramique me semble peu adapté à la photo d’architecture au sens propre car il souligne essentiellement de grandes horizontalités. Il conviendra toutefois pour des paysages urbains notamment ou des plans très larges. On l’obtient principalement par l’assemblage de plusieurs vues (soit directement sur l’appareil, soit avec un logiciel spécialisé) ou parfois en recadrant.

Panorama de 6 images à l'intérieur du musée d'Orsay pour saisir toute la largeur de la halle
Orsay (panorama 6 images) | Paris

Aller plus loin

Tous ces formats normés sont hérités d’une tradition du tirage photo. En les respectant, vous vous assurez de pouvoir faire imprimer facilement et sans recadrage vos clichés préférés. Ils ont été par conséquent transposés à l’écran tels quels, car notre œil y est habitué, et c’est ainsi qu’on le voit partout autour de nous, dans la rue, dans les magazines… et qu’il est donc plus facile de revenir à un support papier de cette manière.

Mais rien ne vous empêche de les détourner ! Réfléchissez à l’usage que vous voulez faire de votre photo. Si sa finalité principale est d’être utilisée sur internet par exemple (rien ne vous empêchera de l’imprimer dans l’absolu, ce sera juste plus compliqué), vous pouvez très bien modifier les proportions qu’on vous impose, afin de servir de votre image.

Japan Bridge. Architecte : Kisho Kurokawa
Pont | Kurokawa | La Défense
Essai

Les proportions de la première image ne correspondent à aucun format classique, j’ai seulement adapté le cadre pour qu’il renforce mon image. Sur la deuxième, j’ai essayé, dans une démarche plus artistique, de changer l’orientation de mon image.

Conclusion

L’orientation et le format de votre image doivent être au service de vos intentions. Comme vous ne deviez pas subir le point de vue de votre sujet (voir article précédent), vous ne devez pas non plus subir le cadre de votre photo. Aussi anodin qu’il puisse paraître (on n’y fait pas vraiment attention, même si la première chose que l’on voit vraiment ce sont, en général, les limites de photo), il conditionne la manière dont vous pourrez vous exprimer, exprimer votre sujet.

Merci de m’avoir lu, et à bientôt pour continuer sur la composition et aborder ses règles, la question de la perspective, des lignes directrices…